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Première expérience à la ferme
Kentucky
,
Australia
On prend une petite route de montagne qui traverse la Great Dividing Range qui doit culminer a 900m a cet endroit, elle va directement de Grafton a Armidale en passant par Nymboida. 120km d’enfer de boite de vitesse automatique sans frein moteur et la voiture qui est chargée de notre vie manque de déraper à chaque épingle à cheveux. A Nymboida on passe devant la maison de Russell Crowe, Cherryne me dit « Regarde c’est ici que la maison de Russell a été convertie en musée »…je jette un œil et manque de me prendre le bas-côté…on salue le musée d’un doigt pointé vers le soleil.
On arrive dans la ville d’Armidale par un après-midi assez chaud pour le début du printemps, petite bourgade de 25 000 habitants, trop propre pour être vraie, des passants nous reluquent comme si on était tombé de la planète mars. Bizarre. On doit être sur le plateau d’un film chiant.
Place centrale, Armidale
Michael Taylor, le fermier en question devait se trouver en ville et on avait prévu de rejoindre leur ferme à Kentucky en le suivant en voiture, finalement il a changé ses plans et on fera la route en aveugle :
35km d’autoroute, puis on doit bifurquer sur la gauche et on traverse de grandes prairies parsemées de rochers de granite et de ces fameux eucalyptus, morts pour la plupart.
En fait l’agriculture australienne a négligé jusqu’à récemment son impact sur les écosystèmes et la transformation du sous-bois en pâturages a entrainé la mort des eucalyptus.
Vue de la maison des Taylors
Une seule route serpente cette prairie, des moutons vaquent à leur occupation favorite, chier et manger (en même temps), le vert des collines tranche parfaitement avec le ciel d’un bleu écrasant et c’est là dans ce typique paysage de cette partie du New South Wales qu’on se dit « ça y est, à peine arrivés, on va aller se flanquer on ne sait combien de temps dans un endroit qui sera dénué de réseau téléphonique, a 45km de la première petite ville et au milieu de moutons de surcroit ! »
On utilise notre téléphone à chaque nouvelle sorte d’embranchement possible, forts de renseignements supplémentaires on continue jusqu’au village de Kentucky.
Le panneau de Kentucky, un autre timbre-poste.
3 possibilités, gauche, droite, tout droit, on n’a jamais eu autant de choix.
Les Taylors nous avaient dit de prendre « la » route de terre, on prend donc à gauche, mauvaise pioche, on manque de s’enliser.
A droite en traversant la voie de chemin de fer dudit village de Kentucky, composé d’une école, d’une église, d’une sorte de mairie en bois et d’un General Store/station-service dont le propriétaire a un accent bien trop fort. Le gamin qui l’aide n’a certainement pas l’âge de travailler. Mauvaise pioche, retour en arrière, nouveau coup de téléphone, nouveau timbre-poste et à nouveau quelques kilomètres d’incertitude.
C’était tout droit.
10km plus loin, une route de terre. Plus qu’une barre de réception. C’est confirmé, il faut emprunter cette piste et suivre les timbres-poste direction « Terrible Vale » puis « The Hills ».
Ou sommes-nous tombés? nous demandons-nous en frissonnant dans la sueur poussiéreuse d’un voyage qui touche à sa fin.
A chaque nouveau chemin de terre on se demande si c’est notre destination finale.
On arrive en fait chez la voisine, tante par alliance de Michel Taylor, mauvaise pioche quant à la maison visitée en premier.
On se présente et Michael arrive dans l’instant, au volant de son utilitaire spécial ferme qu’ils appellent une Ute (Youte), diminutif d’utilitaire et qui n’est en fait qu’un pick up truck terriblement moche.
Brèves salamaleques et il nous précède jusqu’à sa maison qui se situe en contrebas, on ne la voit pas d’ici. Sur cette portion de route de terre, trois agneaux se mettent à bondir hors de nul part, je manque d’en renverser un et Michael me dira que « bof ce n‘est pas grave, ce n’est qu’un mouton. » Il en a près de 7000.
On pénètre dans une pièce dont les larges fenêtres donnent vue sur une autre partie de cette immense prairie, le côté visible de l’iceberg qu’est sa propriété, mais dans un capharnaüm sans nom, une puanteur de bouffe de chat, de vieille tasse de café et de linge sale et humide probablement laissé à l’abandon en boule dans un coin de la salle de bain.
Il nous dit rapidement de nous mettre à l’aise, de nous faire un café et de l’attendre, il a quelques trucs à faire. OK. La porte claque.
1 heure plus tard, lui, sa femme et leurs trois enfants rentrent à la maison et nous trouvent dans leur salon, après qu’on eut saisi notre courage à deux mains pour épousseter un coin du canapé décrépit et couvert de poil pour y poser notre arrière train.
La première phrase de Milly Taylor en français (elle est francaise) : ‘’bienvenu chez les fous’’, c’est noté.
Au menu du soir, spaghetti bolognaise, c’est tous les vendredi soir et c’est toujours Michael qui les fait. Surement le seul truc qu’il sait faire dans une cuisine.
Vrai.
Sa mère qui habite une maison en contrebas s’incruste car elle veut voir les nouveaux ‘’backpackers’’ venu prêter main forte. Le gars en profite pour foirer même la cuisson des pates qu’il laissera sur le feu jusqu’à ce que l’eau soit entièrement passée dans l’atmosphère. Alors j’offre gentiment mon aide, mais uniquement parce que j’ai envie de manger.
La mère s’en va, ayant assouvi un besoin irrésistible de voir à quoi ressemblent ces deux étrangers, cousins d’Arnaud (mon cousin) le « bon travailleur et pitre de service », qui vont piquer l’argent de la ferme en travaillant.
Et c’est l’heure du diner qui ressemble plus à une formidable cacophonie mise en scène par des gosses surexcités.
Durant tout ce week-end, on habite dans leur maison et pas à un seul moment ne leur vient à l’idée de nous dire ce qu’on est venu y faire à part préparer à manger le soir et s’occuper des gamins dès leur sortie de l’école. Ils ont besoin d’une « au pair », nous nourrissent et nous logent et ils signeront les papiers pour le renouvellement de visa, c’est tout ce qu’on sait.
Le samedi ils vaquent à leurs occupations, Michael travaille on ne sait où, Milly nous propose d’aller faire un tour en ville, on saute sur l’occasion pour s’échapper, alors que rien n’est encore arrivé.
Une après-midi d’errance sans but à Armidale. « Ça ne va pas bien se passer, on devrait partir tout de suite » nous disons nous. Mais on a nul part ailleurs ou aller.
Le dimanche on leur dit qu’on pensait trouver du travail payé et que cette situation est un peu embarrassante…
« oulah mais pas d’inquiétude, on va trouver du travail à Pierre-François et toi Cherryne bien entendu ce job est payé $200 par semaine et puis dès ce soir vous pouvez aller dormir chez mon oncle pour quelques jours, il a une dépendance qu’occupait sa fille qui est en ce moment en Europe. Ma mère va nettoyer les ‘’huttes’’ que vous pourrez habiter jusqu’à la fin de votre séjour…. ».
Ce n’est pourtant pas ce qu’ils avaient dit hier à demi-mots. On décide de faire une semaine et d’en reparler. En somme on a le sentiment qu'ils cherchent juste un employé mal payé.
Mon salaire net, après l’achat de chaussures qui résisteront a la rosée du matin, après la bouffe et le loyer : $80. Michael me présente le tableau officiel des salaires de la profession.
Pour cet impressionnant montant j’ai dû me trouver dans la cuisine tous les matins a 06:30 et accomplir des tâches aussi viles que déplacer des bottes de pailles, les charger sur un camion et les apporter près de leur maison pour en faire un nouveau tas (J’y ai trouvé une portée de 3 chatons tout noir, j’ai bien cru que c’était un serpent et mon sang n’a fait qu’un tour avant que je me rende compte de quoi il s’agissait) ; J’ai peint l’intérieur d’un « studio » qu’il venait de reconstruire après que l’abris précédent se soit envolé avec une bourrasque de vent, j’ai chargé l’arrière du même camion de pieux de bois pour en faire des clôtures, au passage j'ai conduit le camion au milieu de collines vertes, seul avec mon chapeau…Pendant que Cherryne s’affaire a l’intérieur.
Entre-temps ils nous ont encore fait déménager dans une des baraques qu’ils possèdent. Mauvaise idée, il pleuvait et faisait froid ce jour-là, ce fut l’une des nuits les plus horribles. Le lendemain on leur dit qu’on doit trouver une autre solution.
Michel a construit un énorme bâtiment, il sert de bureau, de gigantesque atelier pour les activités artistiques de sa mère, et au fond à gauche se trouve une chambre confortable avec salle de bain attenante.
Voilà une semaine qu’on se fait balader alors qu’a 10m de leur maison se trouvait un endroit fort agréable à vivre. Cette bande de boulets n’a décidemment pas le sens hospitalier !
Pourtant ils sont bien nourris, lasagnes, gâteaux au chocolat, gratins et salades 3 étoiles michelin préparées par Cherryne.
Du coup, notre espace de vie étant réglementaire on décide de rester une semaine de plus.
Michel me dit que son cousin Will va « marquer » ses agneaux à partir de lundi et qu’il a besoin d’un gars. Je suis ce gars.
Lamb marking
Lamb marking
Kentucky lamb marking
Kentucky lamb marking
Pendant la semaine suivante, je vais donc me lever pour aller porter des agneaux, les placer sur un tourniquet de torture, les regarder se faire couper la queue, percer les oreilles et enfin voir un autre gars enserrer leurs testicules avec un élastique pour les castrer sans leur couper.
Biblical scene of the suffering lamb
A coup de 300 agneaux par jour, j’en ai perdu l’excédent de ventre que je trainais.
J’ai bossé avec Will jusqu’au lundi suivant, le week-end, on visite les paddocks (champs) en quad.
Incident matelas numéro 2 :
Voilà deux semaines que notre voiture est garée et que quelques affaires sont restées dedans en attendant que nous partions.
Il y avait du liquide vaisselle et du pousse mousse. Horreur, les deux empaffées de bouteilles ont décidé de se battre un soir et le champ de bataille n’est pas beau à voir. Deux superbes taches encore gluantes qu’il va falloir laver a grandes eaux, la mousse ne cesse de couler, le matelas est intégralement mouillé. Une semaine de séchage en plein soleil et nous devrions être sauvés. Erreur.
Cette semaine on aura gagné $950 à deux, du coup on se dit qu’on va finir la semaine. Je bosserai maintenant avec la sœur de Michael, on déplace des troupeaux de vaches et de moutons en moto, je la regarde ramasser des échantillons de crottes de moutons pour les envoyer au labo afin de trouver le meilleur vermifuge…
Enfin c’est dimanche, jour programmé de notre départ. Les Taylors vaquent a des occupations diverses et ne semblent pas l’avoir vraiment réalisé jusqu’au moment où on leur demande de signer nos papiers pour le visa.
Michael met une heure pour trouver un stylo, il pense a autre chose, fait cette autre chose, revient vers les papiers, on mange un dernier bout de gâteau fait par Cherryne, il s’écarte à nouveau des papiers et il les signe enfin, nous offre deux chandails en laine mérinos (celle qu’il produit) tout à fait séants, on finit de charger la voiture et on leur dit au revoir. Ils nous disent à bientôt.
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on October 22, 2010
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