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L'Hotel Magique

Warwick, Australia


Alors on part de cette ville ou rien ne se passe, 50kms au nord se trouve Warwick, 50kms au sud se trouve Tenterfield, dans le New South Wales. On connait Tenterfield, on s’y est arrêté une nuit avant de bifurquer au nord-est vers Gatton et Brisbane en montant a Bundaberg. On sait qu’il y a sur la route une ferme de cerises, mais rien de plus alors on décide de tenter notre chance au nord.

On atteint Warwick à la tombée de la nuit, sous une pluie battante, impossible de penser à autre chose qu’un nouveau motel. Personne dans les rues, sur la rue principale pas de motels, on se balade sans savoir ou aller. Au fur et à mesure qu’on frappe aux portes des pubs pour savoir s’ils ont des chambres, et qu’aucun d’eux n’en a, et que « peut-être » devrions nous « essayer » près de la vieille gare de triage, après la poste à gauche, facile. Tu parles. Il pleut toujours et on ne voit rien.
On s’enfonce dans une rue sombre et large, il y a quelques business de part et d’autre dont les faibles lumières ont du mal à pénétrer l’atmosphère humide. Tout d’un coup après un va et vient d’essuie-glace, apparaissent à travers le pare-brise les voies ferrées au fond de la rue et soudainement sur notre gauche on aperçoit une façade victorienne, celles auxquels ressemblent tous ces pubs/restaus/motels. Ce doit être ce qu’on devait « peut être essayer » d’aller voir. Quel coup de chance ce serait.

Cherryne m’attend dans la voiture, je saute par-dessus le gigantesque torrent dont le lit était jadis un caniveau de la ville et pousse la double porte de cette vieille bâtisse et rentre dans un univers aussi magique et effrayant que la rue elle-même. Je suis face à un escalier couvert d’une moquette vert foncé, un miroir sur le palier et des bibelots a l’air maléfique, à gauche une double porte ouverte sur un bar en U et un client accoude au zinc, à la télé, des inondations, un chat s’approche de moi en miaulant et je me dirige vers le bar. Une petite dame boulotte, la cinquantaine tassée et qui me semble familière me demande ce qu’elle peut faire pour m’aider.

Avez-vous des chambres ? oui. $50.

Je retourne chercher Cherryne et on pousse la double porte, on passe de l’autre cote du U pour prendre notre clé. Pendant qu’elle nous enregistre elle nous demande ce qu’on fait dans les parages et on lui raconte brièvement notre vie en souriant.

Elle hésite quand vient le moment de décider du numéro de la chambre qu’elle va nous donner et comme en se parlant a elle-même elle dit « mmmhnon, je vais vous donner le 8, elle est plus grande, vous serez plus à l’aise…..Donc c’est en haut de l’escalier à gauche ! »

On monte cet escalier, on voit nos reflets devenir de plus en plus grands dans le miroir, on jette un coup d’œil aux bibelots et en montant la dernière volée de marches une sorte de lounge télé se dévoile sur la gauche. Toujours la même moquette vert foncé. Un chien croulant couché sur la moquette lève le nez avec intérêt quand on passe et quand on lève le nez à notre tour pour chercher le numéro de notre chambre, on voit un petit homme a l’air sale de peau et de vêtements tout claudiquant et difforme nous alpaguer en nous demandant dans quelle chambre on est, "je peux vous aider parce que j'habite ici depuis plusieurs années, je connais tout le monde".
On se dit que c’est encore un beau merdier que cet endroit. Une des chambres est ouvertes, une seule petite lumière et la télé est allumée mais on voit qu’ils sont installés ici et le père engueule son fils, la porte claque, le petit homme nous montre la chambre dont le 8 est renversé (quelle différence me direz-vous, et bien un beau 8 n’est jamais symétrique c’est tout ce que j’ai à dire) et on le remercie et on rentre dans une chambre remplie de lits.
Un lit double et 3 lits simple, un lavabo et une fenêtre inaccessible à cause des lits, on ne peut que s’assoir sur un lit, poser nos affaires sur un autre lit et dormir dans un dernier lit.

Alors on fait des allers retours entre la voiture et la chambre pour aller chercher quelques affaires et on croise souvent la tenancière et le chat qui miaule. On parle. Elle nous demande si ça nous intéresse de travailler pour elle, son frère a une maison à nettoyer et elle peut aussi nous employer dans l’hôtel. Bref regard entre Cherryne et moi et on lui dit que oui pourquoi pas (mais on est complètement con ma parole) qu’elle nous tienne au courant, on lui dit aussi qu’on veut renouveler notre visa et elle accepterait même de signer le papier comme venant de la ferme de je ne sais quelle relation à elle (OK soit, visa, au moins ce n’est pas du temps perdu).

Le lendemain, je vais prendre une douche et quand je reviens j’ai un message sur mon répondeur. C’est la vieille mégère de l’agence qui me dit que le vieil apiculteur accepte de nous voir, il faut l’appeler, elle donne son 04. Mais d’abord on va prendre notre petit dej, la tenancière nous a dit qu’on pouvait se lever quand on le souhaitait.

A 11h00 le chien nous regarde passer, dans la cuisine on rencontre un vieux bourré lituanien installé dans l’hôtel depuis trop longtemps.
On ne comprend pas tout de ce qu’il raconte même si ça a l’air très intéressant, mais a ce moment là on ne pense qu'à avaler notre petit dej pour retourner appeler l’apiculteur. Le vieux bourré continue de parler de la beauté de Cherryne et des inondations, et au moment où on a fini de préparer notre repas matinal, la tenancière débarque et le lituanien qui était encore la il y a une seconde a disparu ; elle nous parle de remplir des sacs de sable à cause de l’eau qui monte, elle nous dit que ça peut être « un job pour vous ». On a un coup de fil à passer, on a peut-être une issue de secours, on la «tient au courant».

Dans la chambre pleine de lits je prends le téléphone et compose le numéro, ça sonne.

Une femme décroche, voix jeune, avec un accent. Elle me passe son mari.

-Bonjour monsieur, j’appelle sur les conseils de l’agence…

-Oui Oui vous êtes français ? Ma femme veut aller à Paris

Stupéfaction, ça commence mal, néanmoins, c’est notre seule chance de quitter cet endroit magiquement bizarre, tout est permis.

-Et bien écoutez ça tombe bien on est de Paris on pourra lui en parl…

-Vous savez je suis un vieux monsieur et j’ai une femme magnifique, je suis un homme chanceux. J’ai des ruches, mais on doit s’en occuper pour moi. Je suis un très vieil homme. J’ai beaucoup de chance. Ma femme veut être avocat, elle suit des cours par correspondance avec l’université. Elle vient des philippines. Je suis très généreux. Je suis un très vieil homme, j’ai une femme magnifique…..J’ai besoin de quelqu’un en permanence pour manœuvrer des machines, quelqu’un d’intelligent, avec de l’expérience….

Ma recharge téléphonique y est passée. 20min.

Au moment où il me dit qu’il n’a pas de taf pour nous mais que c’est un très vieil homme et que sa femme est magnifique et jeune, et que tout ce qu’il peut faire pour nous c’est nous donner une semaine d’essai et que je lui dit qu’on prend cette semaine d’essai, l’espoir revenant enfin, la communication coupe, plus de crédit….

Je saisi le téléphone de Cherryne qui git sur un des autres lits au choix dans la chambre et compose son numéro la mort dans l’âme. Dès le début de ma conversation avec cet énergumène, je savais qu’on aurait des surprises. La femme décroche à nouveau et nous explique comment venir, elle semble sympathique.

On part, on descend les escaliers de moquette verte et on va dire à la tenancière qu’on a trouvé du travail, elle nous souhaite bonne chance pour la route et le travail, on lui souhaite bonne chance pour les sacs de sable. On arrive en bas des marches d’une des portes de cote qui rejoint directement notre voiture, comme la rampe de Batman, et un homme est garé avec sa vieille Ford pourrie et sale, la portière avant ouverte sur un tas de détritus et il nous demande « par ou qu’on se dirige »

-au nord :Clifton...monsieur...mec...truc

- mmmmh’c’n’est pas une bonne idée d’aller au nord

et il s’engouffre dans la voiture en marmonnant quelque chose. Il a une CB, et manifestement un pote à l’autre bout des ondes. Apparemment la route n’est « pas coupée » entre Warwick et Toowoomba, 150 kilomètres au nord. Evidemment que non pauvre fou me dis-je en mettant le contact, dernier geste mille fois répété avant le départ définitif de cet endroit de fous furieux.

Il se trouve que la route, même si elle n’était pas coupée, était tout de même par endroit sauvagement assaillie par des torrents nouvellement formés qui dévalaient de bas-côtés pourtant plats.


Il pleut toujours.


permalink written by   on January 5, 2011 from Warwick, Australia
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