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Bloques par les flots

Allora, Australia


Apparemment le risque d’inondation est toujours élevé, on reprend la route qui nous amène à Stanthorpe en passant par Warwick. On passe d’abord par Allora à 10 minutes de Clifton. On traverse un pont dont les bords sont léchés par une rivière en crue. C’était moins une. On passe devant quelques maisons, la route fait un coude vers la gauche, on passe devant une station-service et c’est déjà la sortie de la bourgade et au loin en travers de la route maintenant droite sur des kilomètres, on aperçoit un signe jaune et rectangulaire, une voiture blanche fait demi-tour et encore plus loin on devine l’eau boueuse qui a débordé de la rivière et qui traverse la route.
On continue, pour en avoir le cœur net mais il y a peu d’espoir, la route est coupée. La dame de la station-service nous confirme l’horrible scenario, on ne peut pas continuer vers le sud, on est bloqué. Toowoomba était inondée il y’a trois jours alors peut-être que remonter vers le nord n’est pas une brillante idée non plus. On nous dit d’ « aller voir à la salle des fêtes, elle doit être ouverte pour les voyageurs en détresse ». On revient sur nos pas, 50m après la station-service on tourne à gauche et on s’enfonce dans une rue large, quelques maisons de part et d’autres, une piscine municipale sur la droite, un pub au croisement, une supérette en face et on tourne à droite, la rue principale, un autre pub, un bureau de poste, une maison de la presse. En face, la salle de fêtes. Un ranger entre deux âges et très sympathique nous accueille, il nous montre deux matelas qui trônent dans l’immense salle vide et fraiche, en face de nous une scène et des spots éteints, de lourds rideaux noirs ont peine à bouger malgré le vent frais qui s’engouffre par les portes grandes ouvertes, à gauche, une cuisine flambant neuve tout en inox ou trône une machine à café qu’il a mis en route et des biscuits offerts par les habitants charitables de cette ‘ville’ australienne.
-Il n’y a aucun moyen de continuer vers le sud aujourd’hui, votre meilleure option c’est de passer la nuit ici et d’espérer que la rivière redescende dans la nuit.
Et c’est à ce moment qu’il se remet à pleuvoir, comme pour nous prévenir de ne pas espérer pouvoir repartir vivant de ce trou paumé.
On décide de vérifier nous même qu’il n’y a aucune route qui contournerait les zones inondées. Aux quatre extrémités des rues qui forment le croisement de ce qu’il convient d’appeler Allora, ce n’est qu’eau boueuse et badauds émerveillés par cette crue qui stagne depuis quelques jours, ils ne donnent pas l’impression d’avoir peur, comme si ils étaient déjà habitués à cette nouvelle configuration.
Résignés, on observe les gens qui observent d’autres gens en train de pêcher des crevettes d’eau douces dans leurs jardins. L’appareil photo toujours dans une main, le volant dans l’autre on rebrousse chemin, peinés de voir qu’on ne partira en effet pas d’ici aujourd’hui. On se gare devant notre nouvelle maison d’un soir.
On se dirige vers la façade victorienne, le pub, qui lui ne fait pas hôtel. Sur la terrasse, les péquenots s’arrêtent de parler et nous regardent passer. Ils peuvent voir la salle des fêtes et notre voiture de là où ils sont assis, ils ont dû observer tout notre manège.
La porte est ouverte, on entre.
A la télé, des inondations. Comme si on n’avait pas assez de celle qui nous immobilise aujourd’hui.
Les gens accoudés au bar s’arrêtent de parler et nous regardent, seule la speakerine qui annonce que la pluie ne cesse pas de tomber ne semble pas nous avoir vu rentrer. De retour à la salle des fêtes on essaye de trouver le meilleur endroit pour dormir dans cette grande salle vide. Moi je voulais la scène, Cherryne préfère le bas, illogique de l’arachnophobe, je choisi de ne pas insister.
Le ranger fait un saut chez nous et nous souhaite de passer une bonne nuit et nous dit qu’il repassera demain matin vers 6h00.

Plus tard on retourne au bar pour diner. Steak frites absolument infecte.

On retourne à notre nouvelle maison, pas d’autres touristes inondés en vue, à part cette australienne esseulée qui repartira vers le nord tôt dans la soirée. On entend le claquement de la porte qui se ferme derrière nous alors qu’on retourne voir la crue qui inonde la rue quelques 50m en contrebas, derrière la salle des fêtes.
Avons-nous les clés de notre chambre d’hôtel ?
Non.
Merde.
On essaye la porte, mais pas de doute, on est bien enfermés dehors…
En face devant la poste, deux gars et leurs pick-up trucks discutent avec enthousiasme. On va les interrompre pour leur demander s’ils connaissent le gars de la mairie qui ouvre les portes dans cette ville. Ils ne le connaissent pas, c’est étonnant pour une si petite communauté mais un des gars vient nous aider en défonçant une des portes. Bon. Merci. Sourire. Au moins on n’aura pas à dormir dans la voiture ce soir mais la porte de la salle des fêtes ne ferme plus.


Au petit matin j’entends les pas du ranger qui vient voir si on n’a pas changé sa salle des fêtes en lieu d’orgie. Je le suis à l’oreille mais garde les yeux fermés et on dort encore pendant quelques heures avant d’émerger.
Au moment où on allait partir le ranger revient et nous dit que la route devrait être dégagée vers midi. On a rien d’autre à faire alors on se dit qu’on va aller attendre en face du signe jaune à la sortie de la ville.
O surprise le signe a disparu, la route est sale et truffée de nids de poules nouvellement formés mais elle est ouverte. Le cauchemar semble enfin fini.

Au passage on se dit que le système d’information des australiens n’est pas au point, il n’est que 10h30.
30 secondes après cette réflexion, on voit des voitures arrêtées au bord de la route, et un nouveau signe jaune et un 4x4 gyrophare orange allumé.
-Bordel de merde.
Il y’en a bien jusqu’à midi.
Alors on patiente, au milieu de nul part, comme par hasard il fait beau maintenant et il fait chaud sous le soleil, on parle à des fermiers et à des habitants d’Allora. L’un d’eux est le patron de la maison de la presse, il va livrer des journaux a Warwick et nous dit qu’il va déjeuner chez lui en attendant que la route ouvre, il nous propose de le joindre. On refuse gentiment en se disant que ça pourrait être un tueur en série. On me taxe une clope et je retourne dans la voiture pour lire. Le soleil commence à taper fort. Pas de juste milieu, ce serait trop facile et agréable.
Enfin midi et enfin la route est dégagée. Enfin on repart, au pas, avec le flot de voitures en direction de Warwick, 20 min au sud.
Arrivés à l’entrée de la ville, le pont est bloqué par des engins de génie civil et des gyrophares oranges. Ce pont qui permet de continuer d’avancer, de rejoindre la civilisation et la restauration rapide. On le voit en contrebas, une file de voiture à l’arrêt nous interdit de continuer. On n’a toujours pas mangé à part quelques gâteaux apéritifs arrosés à l’eau tiède et on doit à nouveau attendre que la route soit dégagée. Pas d’information, juste des rumeurs qui parcourent la longue file d’attente. On garde patience, on observe des gens qui observent d’autres gens.
Je me dirige à pieds pour me rendre compte de la situation par moi-même, et au retour, quelqu’un me demande si on peut traverser…Surement une blague pour une caméra cachée, ou juste le gagnant du top 50 des remarques les plus inutiles sortant de la bouche d’un australien.
-Oui oui allez-y, on attend le déluge.

Et le pont est enfin dégagé, après 3 longues heures d’attente. Epuisés par une nuit dans une salle de concert sans backstage, par une journée d’attente, on atteint le Macdonald’s en suivant le cortège de voitures qui s’enfonce dans Warwick.
Sur l’écran géant au milieu du restaurant, alors qu’on attend notre commande, 15 sandwichs et 19 sundaes, on voit des images de Brisbane ensoleillée, 200km au nord-est, sous 2 m d’eau. Des quartiers entiers ravagés par les flots. Le nombre en bas à gauche de l’écran n’a pas changé cela dit, la perte ne sera que matérielle cette fois ci. Comme a Toowoomba il y a quelques jours. On rit nerveusement. On appelle l’agence pour lui dire qu’on sera là dans une demi-heure.


permalink written by   on January 11, 2011 from Allora, Australia
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