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Ottawa, schizo-capitale fédérale

Ottawa, Canada


Tout à Ottawa reflète, de près ou de loin, la "schizologie" franco-anglaise. Les deux langues cohabitent tant bien que mal (le double affichage est obligatoire), mais elles se disputent inlassablement la politesse. Et si le français semble avoir gagné sur les panneaux indicateurs des rues, c'est juste parce que la syntaxe anglaise est à l'inverse de la nôtre.
La fondation d'Ottawa par la reine Victoria fut dès le départ un compromis surprenant entre le lobby anglo-saxon de Torronto et la communauté francophone de Montréal. Sa situation géographique est ainsi devenue emblématique de la confrontation des deux cultures : le fleuve Ottawa coupe la ville en deux et sépare la province de Québèc de celle de l'Ontario.
Même les édifices participent à ce sempiternel duel. L'imposante architecture victorienne (du Victoria Memorial Museum ou du parlement fédéral, avec ses airs de Big Ben) défie l'extravagance néo-médiévale inspirée par Violet le Duc (le Chateau Laurier rappelant fièrement le Chateau Frontenac de Québec).
En défaisant le marquis de Montcalm sur les plaines du Champ d'Abraham, le général James Wolfe a sonné la mort de la Nouvelle France au profit de la suprématie de la couronne britannique (bien que ni l'un ni l'autre n'aient survécu à la bataille). Les Québécois défendent donc aujourd'hui encore la culture du vaincu. Ce combat de David contre Goliath influence profondément la vie et l'esprit du dernier village gaulois perdu sur le continent nord américain et assiégé par 300 millions d'anglophones.
En partant ce matin, j'écoutais sur Radio Canada l'équivalent de la matinale de Nicolas Demorand sur France Inter et le débat agitait violemment les ondes de savoir si pour la Saint Jean Baptiste (fête traditionnelle du Québec le 24 juin), Céline Dion pourrait se permettre de chanter ne serait-ce qu'une chanson en anglais, ou bien si elle devrait attendre pour cela la fête nationale du Canada le 1er juillet.
Antoine et Gwen, bien que résistants d'adoption, ne m'en avaient pas moins mis en garde contre ces coloniaux d'anglo (raccourci péjoratif pour anglophones). Et Eric Allard, mon hôte passionné de chasse et d'ours noir à Saint-Jean-des-Piles m'avait dit en partant : " T'vâs dans l'parc Algonquîn ? Fais gaffe mon gârs parc'que là-bâs les ours, y sont pas sympâs comme chez nous zotres. Y bouffent un touristes tous les ans. Tu m'diras avec tous ces anglos, on comPràn qui z'aient les crôcs..."
D'ailleurs, à peine arrivé à Ottawa, la patronne de l'Auberge du Marché a tout de suite donné le ton. Nicole parle un français parfait où ne pointe aucune des chaudes sonorités québécoises, il y flotte même un très léger soupçon d'accent britannique, sans doute savamment entretenu. Bien qu'impeccablement prévenante, elle garde une distance froide avec ses guests. Et son mari, lui, ne parle pas un mot de français.
Outre ces considérations, je n'ai quand même que deux demi-journées pour visiter la ville d'Ottawa qui en mériterait sans doute une de plus. J'attrape donc mes gougounes, mes lunettes de soleil et mon appareil photo avant de partir arpenter les rues de la capitale fédérale.
Le musée des beaux-arts (Canadian Museum of Art) est mon premier objectif et j'ai la surprise de découvrir, sur son parvis, la monumentale araignée de Louise Bourgeois qui a dû faire le voyage presque en même temps que moi depuis le jardin des tuileries.
Je m'émerveille devant l'architecture impressionnante de cette basilique de verre, de granit et de béton.
Je profite d'une intéressante exposition temporaire sur les peintres pontificaux de Raphaël à Carachi puis je m'attaque aux collections permanentes. Le fonds peut s'enorgueillir de quelques superbes pièces d'art inuit et d'un certain nombre de toiles de maître (monnet, vlaminck, van gogh, picasso, pollock, calder, Mondrian pour ne citer qu'eux). En revanche, je reste assez hermétique à la peinture canadienne, tant dans la promotion des artistes contemporains que chez les "classiques"...
Après ça, je déambule gentiment dans les rues du Byward Market, le quartier qui bouge à Ottawa. Il reste quelques étals de fleurs et de légumes, rescapés du marché historique, mais les boutiques à touristes ont quand même colonisé l'espace.
Tandis que le soleil couchant inonde la ville de reflets mordorés, je m'installe à la terrasse d'un resto italien avec une bière. Et je finis rapidement par commander une pizza. Je choisis la composition la plus simple : tomate, roquette, jambon de parme et parmesan. C'est le test fatidique d'Anne pour juger de la qualité du pizzaiolo. Et, en l'occurrence, la Mercanto (c'est comme ça qu'elle s'appelle ici) passe brillamment l'épreuve du feu.
Après une courte nuit (le temps de rédiger mon post sur Montréal), je me fais réveillé sauvagement par le voisin qui a décidé de passer la tondeuse sous ma fenêtre à 7h du matin. Il paraît que c'est la loi ici, le tapage peut commencer à 7h. En attendant, je suis passablement énervé et Nicole doit sortir le must du petit-déjeuner anglais pour réussir à me dérider.
Une fois bien calé par son yogourt, ses céréales, ses fruits, son muffin aux blueberries, ses oeufs brouillés et sa tranche de lard fumé, je m'en vais traverser la rivière des Ottawais sur le pont Allexandria pour rejoindre le Canadian Museum of Civilisations. Je profite au passage d'une vue superbe sur le parlement, le chateau laurier et les huit écluses successives du canal rideau qui culmine 30m au dessus du niveau de la rivière.
L'architecture du musée des civilisations est plus en rondeur et beaucoup moins géométrique que celle du musée des beaux-arts. Elle m'a tout l'air d'évoquer l'eau, par ses lacs, ses rivières et ses cascades façonnant le paysage canadien.
Cette fois, les deux expositions temporaires ne sont pas extraordinaires. Celle sur les tombeaux égyptiens parce qu'elle comporte bien peu de pièces au regard de ce qu'on a pu voir récemment au Louvre. Et celle sur les monstres mythiques parce qu'elle est surtout orientée vers un public d'enfants. D'ailleurs, à l'approche de la fin des cours (le 24 juin), les musées sont envahis par des hordes de jeunes. Aussi boutonneux, gesticulant et bruyant que chez nous...
En revanche, les collections amérindiennes sont aussi époustouflantes (les totems trouvent un écrin sans pareil dans les vastes espaces de cette architecture) qu'instructives (on en apprend énormément sur ces cultures) et touchantes (ces autochtones qui n'ont jamais demandé à devenir canadiens continuent de se battre inlassablement pour qu'on reconnaissent leurs droits immémoriaux sur la roche, les rivières et la forêt qui ont vu naître leurs ancêtres).
Bien que sensiblement orientée contre la souveraineté de Québec, la présentation des pères fondateurs du canada (qui occupe tout le deuxième étage du musée) est une mine d'informations étonnantes. On y découvre les mystères planant sur la naissance et la mort de Champlain, l'explorateur français ; les revers de fortune de Thomson le cartographe arpenteur de la Compagnie de la baie d'Hudson ; la fortune de Timmins,
le magnat minier qui développa tout le nord est de l'état en exploitant les filons ferreux au profit des américains ou encore l'alcoolisme élégant de Macdonald, l'artisan de l'union des territoires indépendants pour former le canada fédéral (à un de ses ministres accusé de trop se laisser aller à la boisson, il aurait dit : " Il vous faut arrêter ça tout de suite, Monsieur, car on ne saurait tolérer deux ivrognes au sein de ce gouvernement !").
J'espérais pouvoir arpenter un peu les rues de la Chinatown d'Ottawa après ça, mais je n'ai malheureusement plus le temps parce que je dois rejoindre le Parc Algonquin et que j'ai encore trois bonnes heures de route devant moi.

http://picasaweb.google.com/microsam/Ottawa?authkey=Gv1sRgCKjp1un3hb6j-QE#


permalink written by  Sam on June 16, 2009 from Ottawa, Canada
from the travel blog: Sam au pays des caribous
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