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La loi des séries

Huntsville, Canada


Tout a commencé par une très mauvaise série pour se finir, heureusement, par une très bonne série, dans un tout autre genre...
C'est Nicole qui a entamé la mauvaise série avec son accent si subtilement british. Comme plusieurs fois déjà depuis le début de mon séjour, je me suis permis de lui demander un late check-out puisque je comptais reprendre la route pour le parc Algonquin depuis Ottawa vers 15h. Jusqu'ici, ça n'avait jamais posé le moindre problème car la saison touristique n'a pas encore vraiment commencé et le B&Bs affichent rarement complet. Pourtant cette fois, Nicole a le regret de ne pas pouvoir accéder à ma demande. C'est dit avec un sourire soigné comme un jardin anglais plein de roses qui piquent : ça ne prête pas à discussion, les folowing guests arrivent justement à 14h...
Qu'à cela ne tienne, je me contenterai juste de laisser mes bagages quelque part et de pouvoir accéder à internet depuis le salon victorien entre 12h et 15h (j'espère pouvoir catcher Anne sur Skype et écrire mon post du jour).
Le visage de Nicole se fige sur une expression qui exprime la parfaite compréhension de ma situation et la volonté profonde de trouver une solution à mon problème. Je quitte donc l'Auberge du Marché serein et j'y reviens à midi en ayant récupérer ma voiture au stationnement public pour la garer juste devant le 87 Guigues Ave (le stationnement n'y est autorisé que deux heures, mais je compte, en bon français, qu'une heure de rab ne fera pas grande différence).
Je m'installe dans le canapé de velours vert, comfy à souhait. Je passe par les toilettes, à côté de ma chambre, qui est toujours vide. Je branche mon ordinateur, je me connecte à internet, je surfe un peu en attendant Anne et j'établis la communication.
Pendant tout ce temps, Nicole me tourne autour comme une fouine dérangée par un intrus sur son territoire. Et puis finalement, à 14h30, elle est absolument désolée de devoir m'annoncer qu'elle avait oublié son rendez-vous chez le dentiste et que par conséquent, elle doit "quitter". Ce qui veut donc dire évidemment que moi aussi. Mais elle est tellement prévenante, qu'elle m'indique un café au coin de la rue où internet est en "free wireless illimited access".
Tandis qu'elle me fout dehors en fermant la porte derrière elle, avec des manières absolument irréprochables, j'hésite à lui faire remarquer que d'une part son mari est resté dans la maison et que d'autre part ses "guests de 14h" ne sont toujours pas là. Mais je préfère ne pas ouvrir le débat parce que j'ai peur de ne pas résister à l'envie de "débotoxer" son sourire figé à la cire.
Je me réfugie donc à l'Honest Lawyer (rien que ça, ça aurait dû m'inquiéter). L'oxy-moron est un troquet écolo-végétarien-équitable où le seul "carbonated beverage" available est l'Orangina, trop sucré à mon goût. Aussi je lui préfère une "organic lemonade", qu'ils ont dû faire infuser dans le sucre (non raffiné bien sûr) tellement elle est sweet.
Peu importe je suis là pour internet alors je me contente de prendre le ticket de ma lemonade imbuvable sur lequel sont inscrits mon login et mon password aléatoires.
Je travaille consciencieusement pendant une bonne heure (ce qui me met déjà en retard d'une demi-heure sur mon planning) pour vous écrire un post passionnant sur Ottawa. Mais au moment de sauvegarder, je me fais sauvagement déconnecter et je perds tout ce que j'ai écrit ! Le ILLIMITED free access est une publicité iniquement mensongère car les accounts ne restent valides qu'une heure. Mais bien sûr, ni Nicole, ni cette neuneu de serveuse n'auraient jugé bon de me prévenir... JE DETESTE DEFINITIVEMENT LES ANGLOS et les lawyers honnêtes, ça n'existe pas !
Je n'ai malheureusement ni le temps de faire un scandale, ni celui de rattraper le coup. Il faut que je me mette en route rapido si je veux arriver au Parc Algonquin avant la nuit.
En arrivant à ma belle voiture toute neuve, qui est garée là depuis 2h48mn, j'ai le plaisir de découvrir une amende. Une superbe "fine" anglophone sous mon essuie-glace, sortie tout droit de la machine, sans la moindre lettre manuscrite. A croire qu'ils m'ont repéré par satellite, ont imprimé le papillon et l'ont balancé sur mon pare-brise depuis un hélicoptère. A ce stade, mon humeur devient franchement délétère et ni Dépèche Mode, ni REM, ni U2 (qui me gueulent leurs pop songs anglophones dans les oreilles) n'arrivent à me dérider.
D'autant qu'au bout de 3h30 de route, je découvre avec horreur le Wolfden Bunkhouse. Soucieux de faire des économies, j'ai suivi les conseils du Lonely Planet qui recommandais chaudement cet hôtel de Backpackers à 40$/nuit. Sauf que l'endroit est glauquissime : des vieux chalets en bois, installés au bord de la Highway, sans eau ni électricité ni évidemment internet (toutes les commodités, sauf le réseau, sont dans la bâtisse centrale). Le détail qui m'achève, c'est que je suis le seul client et que même le personnel se barre le soir.
Pas question de rester là-dedans, je me suis suffisamment fait pourrir ma journée. Au diable l'avarice, j'ai l'intention d'inverser méchamment la vapeur !
15 mn de route plus tard, je trouve l'Algonquin Inn. 100$/nuit, mais pour ce prix, j'ai internet, une salle de bain privée, une terrasse sur le Oxtongue Lake et, cerise sur le sunday : un jacuzzi dans ma chambre.
DEAL ! Je mange une 1/2rib au barbecue et je passe une bonne partie de la nuit à réécrire mon post sur Ottawa.
C'est la première fois de ce voyage que je pose mes valises pour trois nuits d'affilée. C'est la fête et du coup, ce matin, je lézarde un peu au lit.
C'est une petite marte, jouant avec un papillon sur ma terrasse, qui m'arrache à ma couette. La mignonette n'est pas vraiment farouche, mais elle est tellement rapide que je peine à la prendre en photo (ou peut-être est-ce moi qui suis encore dans le colletard).
Je me douche pépère, puis je prends le temps de répondre à mes mails, en caleçon sur le bord du lac (vive le wifi !), avant d'aller voir les Ragged Falls.
J'ai vu plus impressionnant depuis que je suis ici, mais cette petite heure et demi de marche pour remonter la rivière Oxtongue commence à me faire oublier les péripéties de la veille.
Après quoi, je prends la direction du Canoe Lake où se trouve le Portage Store, un des deux Outfitters (comprenez organisateur d'excursion) à l'intérieur du parc. J'en profite pour manger un hamburger aux petits champignons frits, surprenamment bon pour un endroit de ce genre.
Etant seul, je me joins à un groupe de pagayeurs qui partent à 13h pour essayer de voir des Mooses (comprenez orignaux). Une famille française (les parents plus deux enfants) installée à Washington depuis un an et qui passe quelque jours au Canada avant de rentrer en France.
Au départ, j'essaie de squatter le canoe du guide, mais froggy-mumy préfère installer son fiston en sécurité avec le guide. Grand seigneur, je m'incline et je me retrouve à pagayer avec maman Myriam. En canoe, le choix du paddling-mate fait la différence entre une ballade pépère et une galère de misère. Or là, je suis tombé sur le gros lot. J'ai une vrai tête de vainqueur.
Myriam jacasse comme une pie jusqu'à ce que je lui fasse remarquer que les Mooses ne sont pas sourds. Elle passe alors en mode sourdine, mais ça ne fait pas taire ses enfants pour autant. Pas le choix donc, il faut que je pagaie en tête de l'expédition si je veux avoir une chance d'apercevoir un orignal avant qu'il nous entendent arriver. Et c'est là que je découvre la deuxième faiblesse de Myriam : elle est mono-task. Elle ne peut non seulement pas pagayer en parlant, mais apparemment elle ne peut pas non plus pagayer en regardant le paysage.
A force nous voir toujours en tête cependant, et de sentir la poussée qui vient de l'arrière à chaque coup de pagaie où je m'arrache les bras, elle finit quand même par se sentir mal à l'aise et se décide à faire usage du morceau de bois qui lui encombre les mains. Et déjà, je le regrette parce que, d'une part, elle n'a pas compris que tremper sa pagaie dans l'eau ne sert à rien si la vitesse de son geste ne dépasse pas celle du bateau par rapport à l'eau et que, d'autre part, le skill critique en canoe c'est la capacité à ramer droit et à ne pas gaspiller son énergie en slaloms erratiques. Or le coup de pagaie de Myriam, pour inutile qu'il soit en terme de propulsion, est très efficace en terme de changement de direction aléatoire. Si je ne fais pas attention, elle pourrait même réussir à nous foutre à la baille. Surtout quand le vent se lève et qu'elle se met à gigoter pour éviter de se faire éclabousser par les vagues. Elle ne peut évidemment pas ramer ET esquiver le clapot, mais au moins, pendant ce temps-là, j'arrive à contrôler notre canoe sans y laisser un bras à chaque fois.
Evidemment, on n'aperçoit pas le moindre orignal. Et honnêtement, j'en chie comme un vrai galérien. Mais je m'en fous : j'entretiens mon moral de Mohican en pensant à mon jacuzzi.
Dans cette excursion prévue pour 6 où nous n'étions que 5, on a dû se partager le coût de la personne manquante : 4/5 pour la froggy-family et 1/5 pour moi, mais j'aurais franchement rien dû payer en plus, voire leurs faire payer le transbahutage de leur empotée de mother. Sa seule contribution positive à la ballade fut de se faire attaquer par une mouette, ce qui m'a permis de prendre quelques belles photos.

Après ces quatre heures d'enfer, j'ai les bras et le dos en charpie, mais définitivement pas envie de finir ma journée là-dessus. Je n'attends donc pas l'arrivée des deux autres canoes qui sont encore loin derrière nous et j'abandonne Myriam sur le quai pour aller voir les Whiskey Rapids (1h30 de marche).
3km de voiture plus tard, je me lance dans le sentier, la fleur au fusil. Sauf qu'après 20mn de marche, les femelles moustiques attaquent et je découvre avec horreur que j'ai laissé ma bombe d'insect-écran dans la voiture. Mais je m'en fous, je suis un Mohican et le jacuzzi m'attend en rentrant. Ceci dit mon moral de brave ne protège pas des maquerelles vampires qui veulent à tout prix me sucer. En quelques secondes, je compte déjà au moins une dizaine de piqures. Si je ne veux pas finir boursoufflé et vidé de mon sang, il faut agir vite. Malgré la moiteur étouffante de l'orage qui menace, j'enfile donc ma polaire, je mets ma casquette, je fourre les mains dans mes poches et j'avance tête baissée. Jacuzzi, ô jacuzzi, pensè-je en transpirant comme un goret. Mais pas question de ralentir l'allure. Au moindre arrêt, les cruellas me font la fête. Je croise un dindon sauvage qui glougloute en se foutant de ma gueule, j'entends une grosse bête dans les fourrés qui profite de cette symbiose comportementale avec les moustiques pour me filer sous le nez. Je torche la randonnée en 45mn (ce qui est déjà trop) et j'hallucine d'ailleurs de ne même pas avoir remarqué les rapides. Ils ont sans doute été baptisés "Whiskey Rapids" parce que découverts sous l'emprise de l'alcool. je vous garantis qu'un homme sobre n'y verrait rien d'autre qu'une rivière au cours indolent enjambant trois galets aux formes douces.
Le temps de rentrer dans ma voiture, j'embarque avec moi 17 femelles en chaleur. Je le sais parce que je les compte en les écrasant une par une. Je mets la clim à fond et je fonce vers mon jacuzzi.
J'ai acheté de la bière, un sac de glace et des springles au corner-shop. J'installe mon lap-top et mon dock d'ipod face à moi. Je débouche ma budweiser, je la laisse tremper dans le seau à glace que je pose au coin de ma baignoire d'angle, et je me regarde un épisode de The Shield, le cul dans les bulles, en me disant qu'il fallait bien une bonne série télé pour finir cette série de merdes.

http://picasaweb.google.com/microsam/AlgonquinPark?authkey=Gv1sRgCIfWho6OxPjqpgE

permalink written by  Sam on June 17, 2009 from Huntsville, Canada
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