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Mooses on Mizzy Lake and Gramon's Shoot

Cobden, Canada


L'interpretative trail (traduisez sentier d'interprétation) du Mizzy Lake est une boucle de 11km (avec une option à 15) particulièrement intéressant pour l'observation de la faune. Les gardes forestiers du parc l'évalue à 6 heures de marche.
J'avais longuement hésité, la veille, à louer les services d'un guide spécialisé (photographe professionnel) pour réussir, enfin, à fixer les Mooses sur la pellicule. Mais le prix de cette affaire m'en a gentiment dissuadé : 160$ les 3h pour prendre en photo une bête brune qui ressemble vaguement à un croisement entre un cheval et une vache... Trop c'est trop.
J'ai donc décidé de me lancer seul, et à pieds, en quête du roi de la forêt canadienne. Initialement, j'étais d'ailleurs très motivé pour me lever avec le soleil, histoire d'accroître mes chances. Sauf que le réveil n'a pas sonné. Je dois être sous le coup d'une malédiction, un shaman montagnais m'a jeté un mauvais sort, ou alors c'est l'esprit du caribou qui me rejette. Toujours est-il, que je pars finalement à 10h avec l'affreux pressentiment (que ne compense guère mon surplus de repos) que je ne vais encore PAS voir le Moose.
Mizzy et Dizzy lakes sont deux lacs jumeaux transformés par le travail des castors. Imaginez une gadoue fangeuse parsemée d'arbres morts où croassent des centaines de crapauds et où flotte un épais brouillard de... moustiques ! Il y en a tellement que si j'ouvre la bouche, je fais le plein de protéines pour la journée. Heureusement, ce matin je me suis parfumé au DEET et je fends la nuée comme un souffle de napalm. La bombe ne quitte d'ailleurs pas la poche de mon treillis, toujours à portée de la main, parce qu'il faut dégainer très très très vite dès que l'action du cocktail chimique décline. En comptant 5ml de sang prélevé par moustique, il suffit de 5 à 6 mille insectes pour me vider de mon sang. Ca vous paraît énorme ? Pour info, les brochures du parc algonquin (très bien faîtes par ailleurs) évaluent la production d'un m² de lac à... 20 000 moustiques !!!! Et je vous épargne la surface totale productive dans le parc.
Bref, seul dans le bouâ, au milieu de cette horde de vampires, je dois rester prudent et m'asperger très régulièrement de mon cocktail insecticide.
Après deux bonnes heures de marche, j'approche du bien nommé Moose Lake... sur lequel je ne vois évidemment aucun herbivore brun en train de bouffer ces nénuphars. Seule consolation, la densité de moustiques au cm3 baisse suffisamment pour me laisser respirer, mais je commence à croire que je n'arriverai jamais à prendre en photo le grand élan d'amérique dans son milieu naturel. Pourtant, ils sont partout autour de moi.
Je vois leurs traces fraiches dans la boue, je suis la piste de crotin qu'ils laissent derrière eux, j'entends même parfois leur câle (un espèce de brame rauque) et je sens monté l'ivresse de la chasse, la tension de la traque. D'ailleurs, je suis tellement focalisé sur la ligne d'horizon des berges de lac à la recherche des grosses bêtes brunes que j'en oublie de regarder où je pose les pieds. Et je marche quasiment sur des serpents, des perdrix ou des tortues.
Je croise deux gardes forestiers qui sont justement là pour mener une étude sur les petites tortues du parc. Leur façon de les taguer est assez marrante (ils leurs peignent un n° sur la carapace), mais ce qui m'intéresse surtout c'est le tuyau qu'ils me refilent : il y une grosse femelle en train de brouter à une centaine de mètres sur le lac de droite.
Avançant à pas de loup, retenant mon souffle, je me faufile entre les sapins et je fixe sur les capteurs de mon reflex une micro-tâche brune ! Ca y est. La photo ne donnera rien parce qu'elle est trop loin, mais je l'ai fait !
En réalité, ce n'est que le début. Je croise un jeune mâle sur le lac suivant, à peine à plus de 50m de moi. Et 1h de marche plus tard, je tombe sur un couple en train de patauger à moins de 30m. Ils sont tellement cools que quand je m'approche en suivant leurs traces jusqu'à m'enfoncer de 15cm dans la vase, ils m'observent avec leurs grands airs supérieurs, mais ne se déplacent pas d'un mètre.
Du coup, je canarde comme un paparazzi devant une star endormie. Et au bout de deux cents photos, je me dis que j'ai mon compte pour la journée. J'éteins donc mon réflex dont les batteries marquent des signes de fatigue, je remets le cache sur l'objectif, je me passe la bandoulière autour du cou (au cas où je me casserai la gueule dans la vase) avant de faire demi-tour.
Et c'est là, alors que je suis en déséquilibre, les mains prises et l'appareil photo impossible à dégainer, qu'un énorme mâle sort de l'orée de la forêt par le sentier que j'ai emprunté pour descendre. Il se tient à moins de trois mètres et il me défie du regard comme si il voulait me faire comprendre qu'ici c'est chez lui, que le roi c'est lui. Et puis, lentement, il se détourne et disparaît.
Je n'ai même pas essayé d'attraper mon reflex, mais je m'en fous, je sais que je suis réconcilié avec le Grand Esprit du Caribou.
Planant comme un brave qui a croisé son animal totem en fumant le calumet, je décide de me rallonger de 4km pour aller observer un nid d'ours. Ici, les baies sont moins abondantes que sur les rives du Saint-Laurent, les ours grimpent donc dans les frênes pour en boulotter les fruits. Pour ce faire, ils s'installent sur une fourche solide de l'arbre et ils plient les branches plus fines pour choper leur pitance. Au passage, ils en cassent énormément qui s'accumulent sous eux à la manière d'un espèce de jeu de mikado qui évoque effectivement un nid d'oiseau. C'est assez impressionnant à voir mais il n'y a pas d'ours à l'entour.
Cette fois, la batterie de mon appareil photo est définitivement morte. Je reste cependant très zen parce qu'elle m'a laissé le temps de prendre les mooses en long, en large et en travers. Ca c'est mon état d'esprit avant de croiser la marte noire. Elle fait la taille d'un chat, avec un pelage noir de suie et deux petits yeux blancs. Elle est recroquevillée sur un tronc d'arbre mort et m'observe, aux aguets. Au bout d'une minute trente, il faut pourtant bien que je reprenne ma respiration et elle détale comme l'éclair. J'aurais pu faire une photo à pleurer...
Je marche depuis 5 heures, j'affiche 15km au compteur, et il est grand temps d'aller manger un hamburger !
Après quoi, je rentre tranquillement chez moi, je me fais couler un jacuzzi et je réfléchis à l'organisation de ma journée du lendemain.
La seule chose que je n'ai pas encore faîte pendant ce voyage, et dont je rêvais, c'est de descendre des rapides comme le dernier des mohicans avec son canoë. Or il se trouve qu'il y a un très gros site de rafting sur la rivière Ottawa, à peu près à mi chemin entre ici et Montréal.
C'est décidé ! Je pars d'ici à 6h demain matin, je fais les 215km qui me séparent de Foresters Falls et je suis à 8h30 au départ du High Venture Rafting Trip.
6h de folie dans les rapides et je repars à 16h au plus tard pour faire les 300 derniers kilomètres qui me ramèneront à Montréal.
Le timing est très serré. Tellement serré d'ailleurs que je n'ai pas le temps de m'arrêter pour prendre en photo les lacs du parc algonquin au lever du soleil (une féérie de lumière et de vapeur immanquable si vous y passer un jour. Il FAUT absolument faire l'effort de se lever avec le soleil au moins une fois !).
J'arrive avec une demi-heure de retard sur le site de Owl Rafting, l'outfitters company qui organise mon excursion, mais heureusement, j'avais réservé et ils m'ont attendu.
Il fait 25°C, l'eau est à 15°c, mais je choisis quand même l'option combinaison intégrale (et au bout de six heures dans la flotte je ne le regretterai pas bien que la première demi-heure, je rôtisse comme un poisson en papillote).
Je suis à bord d'un long boat (bateau de 16 places où le stiring man dispose de deux longues rames sur cales pour contrôler l'embarcation) par opposition aux sport boat (huit places et juste une pagaie pour le stiring man). Les seconds peuvent passer dans des rapides plus étroits et surfer plus facilement sur les vagues, mais ils sont aussi beaucoup moins stables. Deux des sports boats qui font partie du convoi se retournent en cours de la descente.

Hors de question, évidemment, d'emmener un appareil photo, je ne peux donc pas vous illustrer la taille de la rivière Ottawa plus large que la loire et sans doute bien plus profonde), la puissance de ces rapides et de ces mini-chutes (tous les deux cents mètres la rivière tombe de 2,3,5 ou 10m) et la beauté de ces paysages (naviguer en eaux vives entre ces dizaines d'iles n'a rien à voir avec ce que j'ai vu sur les lacs).
Les rapides sont répertoriés, cartographiés et codifiés en fonction de leur difficulté et du niveau d'eau. Le plus violent qu'on ait descendu était de niveaux 5 sur une échelle de 7. Il s'appelait Gramon's Shoot. Et les sports boats sont passés par un level 6 baptisé Elevator Shaft. Les noms des rapides parlent d'eux-mêmes. On a descendu le Iron Chains, le Death Row, puis le Dragon's Tongue avant d'arriver au Gramon's Shoot, de continuer sur le Lord ! No Name et de finir avec le Blind Mascarade.
Après le Dragon's Tongue, on a fait une étape pour faire de la nage en eau vive. Casque sur la tête, gilet de sauvetage bien calé et combinaison bien fermé, on se laisse glisser sur le dos, les pieds en avant dans certains rapides où le niveau d'eau est suffisamment élevé.
C'est génial, mais épuisant parce que dès que le rapide est passé, il faut nager comme un dératé vers la berge pour ne pas se faire emporter par le courant dans le rapide suivant. Et personne n'a envie de descendre le Gramon's Shoot en nageant !
Comme j'aime vraiment ça, je me fais trois fois la nage en eau libre, la quatrième étant suicidaire compte tenu de ce que les trois premières ont pompé dans les réserves d'énergie...
Une fois enquillés nos six rapides, un bateau nous attend pour rejoindre
tranquillement le site de Owl Rafting. Les barbecues sont installés sur le pont, nos affaires sèches ont été ramenées là et on passe les trois-quarts d'heure de traversée à admirer le paysage en bouffant des saucisses grillées au soleil. Le bonheur.
Après l'accostage cependant, je ne m'attarde que le temps de prendre ue bonne douche parce qu'il me reste trois bonnes heures de route pour rejoindre Montréal et que je me sens pas mal fatigué quand même.
J'y suis arrivé sain et sauf. J'écris ce post depuis l'appart de Gwen et Antoine, sachant que le prochain (post) sera sûrement écrit de Paris pour vous confirmer qu'Air France a bien changé tous ses capteurs de vitesse et que je ne me suis pas crashé dans l'Atlantique

http://picasaweb.google.com/microsam/MizzyLake?authkey=Gv1sRgCKuY-vK5x8nFigE#


permalink written by  Sam on June 20, 2009 from Cobden, Canada
from the travel blog: Sam au pays des caribous
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awesome blog

permalink written by  chantelle on June 20, 2009


Thanx, the pleasure was mine, all along.

permalink written by  Sam on June 22, 2009

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